Covid-mots
Pour combattre l’ennui en ces temps de confinement, l’AAAO vous propose la page “Covid-Mots”, un endroit où vous pouvez y publier des poèmes, des proses, des haïkus, des nouvelles, citations, etc. Bref, tout ce qui vous vient en tête.
À défaut de pouvoir se rencontrer en personne, pourquoi ne pas se rencontrer virtuellement, en paroles et en mots? Si vous désirez nous partager quoi que ce soit, envoyez votre texte à communications@aaao.ca .
Le charme de l’hiver en temps de pandémie (2)
(Ce 2 janvier 2021, une autre belle journée d’hiver)
Par Kalula Kalambay
La météo est formelle
Il y aura beaucoup de neige cette nuit
Un système dépressionnaire généreux
Venant du sud
Nous laissera à la clé 15 à 20 cm de neige
Les impératifs des officiels sont clairs
« Il va faire froid
Très froid
La prudence routière est de mise
Sinon ‘Restez chez vous’ »
On ne se sent pas concerné!
Aucune course essentielle au programme
On sublime le confort du confinement
L’interdit est un délice!
Au petit matin
Un soleil radieux
À la limite du voyeurisme
S’infiltre indécent dans notre chambre
Et dévoile sans pudeur un ciel serein
Enrobé dans une tunique translucide
En mousseline bleu azur
Ornée des franges argentées
Aux allures hypnotiques
La séduction est fatale!
La résistance éphémère
La faiblesse humaine à découvert
On succombe à la succulence de la pomme
Et sympathise avec Adam!
Une frénésie hystérique subite m’habite
Je m’empresse d’enfiler dans l’ordre
Les vêtements d’hiver d’après le prescrit
« Comment affronter sereinement le froid canadien »
Un outil indispensable pour ne pas se laisser surprendre
Ne dit-on pas par ici
« Qu’il n’y a pas de mauvais temps,
Il n’y a que des mauvais habits! »
Enveloppé comme un astronaute
Je valide le dicton
Et vais à la conquête de la Marina
Trahison
Le char a pris froid
Et ne démarre pas
Une autre leçon d’hiver !
À proximité
Une voiture providentielle
Et un câble salvateur
Nous tirent d’affaire
Quelques minutes plus tard
Sur place
L’extase !
La vue est féerique !
L’étendue de la poudreuse
Dans une pureté céleste
Embrasse tendrement à l’horizon
Le ciel offert en amant consentant
Dans toute sa nudité sensuelle
La symbiose du céleste et du terrestre
Est divine!
Je frissonne!
Hésite un moment
Submergé par le sentiment coupable
De commettre un sacrilège
Au loin
Des entailles vulgaires
Qui sillonnent la surface violée
Révulsent
Des véhicules motorisés en sont la cause
On dirait un tableau auto-destructeur de Banksy
Ici et là des abris de pêche sur glace
Érigés avec application
Colonisent progressivement le site
À l’aide d’une perceuse à glace
Un parc constitué d’une dizaine des lignes
Chacune lestée de plomb muni d’un hameçon appâté
Enroulé sur un levier monté sur un poteau
Délimite le territoire de chaque propriété
La possession des lieux se privatise
La saison de la pêche blanche
Est bel et bien lancée
Le remord furtif s’évapore
Satisfaction coquine
Égoïste
Je m’engage à fond
Sur ce long tapis déroulé
d’une blancheur immaculée
La sensation de douceur exquise
Des éléments qui s’égrènent sous mes pieds envahisseurs
Transmet à mes sens en éveil
Un éclair électrique quasi orgastique
La volupté solitaire
Est hélas de courte durée
Des bataillons entiers des plaisanciers
Seuls ou en groupe
Armés de
Cerfs-volants
Skis alpins ou à voiles
Patins aiguisés
Planches
Soucoupes
Ou traîneau à neige
Répondent massivement
À l’appel envoûtant des sirènes
Le labour systématique s’amorce
Et brise l’harmonie du paysage lunaire
La grâce du paradis enchanteur
Se dissipe vaporeuse comme dans un rêve
Sous la souillure des plaies béantes
Un père a retrouvé son âme d’enfance
Il s’accapare de la luge de son fils
S’y étale de tout son long
Et supplie ce dernier enjoué
Un maigrichon d’une douzaine d’années
De l’aider à faire le voyage dans le temps
Le jeune homme obéissant et très studieux
Suinte à grosses gouttes froides
Sous ses encombrements saisonniers
Sans grand résultat
Le géniteur enthousiaste et compatissant
Dans un élan de solidarité familiale
Contribue à l’effort du gamin
Et pousse sa masse allongée
À coups de bras énergiques dans la neige
La glisse s’opère sur quelques pouces
Ils jubilent à l’unisson
Des souvenirs précieux pour les petite-enfants
Une heure plus tard
Repu
J’écoute attristé
Les supplications insistantes
De mon corps flagellé
Et quitte le champ labouré
L’âme légère
Je suis d’ailleurs et d’ici
Prêt pour la longue marche hivernale.
-4 janvier 2021
Le charme de l’hiver en temps de pandémie
(Ce 29 décembre, une belle journée d’hiver)
par Kalula Kalambay
Il fait beau
Même très beau!
Il fait froid
Même très froid!
Les rayons lumineux
D’un soleil radin
S’étalent généreux sur la rivière gelée
Et invitent contagieux
Des audacieux heureux
A s’éclater à fond
Sur l’Outaouais
Sous l’œil amusé d’un père vigilant
Chien en laisse
Le petit bonhomme de cinq six ans
Qui s’agite nerveux
S’échappe mesquin
Des mains protectrices de sa mère
Et glisse confiant
En équilibre instable
Pour rivaliser en dextérité avec son frère aîné
Au milieu des patineurs surexcités
L’amateur du ski à voile
S’envole léger dans le ciel dégagé
En poussant un cri jubilatoire
Au-dessus des joueurs improvisés
Du hockey sur glace
Nullement impressionnés
Par le spectacle aérien
Ils ont apprivoisé le jeu
À leur guise
Déconfinés et sans masques
Les jouisseurs gourmands
Regroupés par famille séparée
Profitent à distance respectable
De ces moments fragiles
De cette belle journée de fin d’année
D’un bonheur rare
Devenu interdit
Un exutoire subtil
Pour une année mortifère
Rassuré
J’ajuste mes crampons
On ne peut être trop prudent
Dans l’appropriation culturelle!
Le corps tendu
L’esprit en alerte
Je lance conquérant
Un pas serré
L’un après l’autre
Et colonise au fur et à mesure
La cadence de la tortue
Qui est mienne
Sur la surface de l’eau figée
En mémoire de Jésus christ de Nazareth
La saison s’y prête!
Le poids soutenu
De mon corps légèrement arqué
Arrache en agonie rythmée
Un cri de supplice grinçant à cette patinoire géante
Qui craquelle comme un miroir brisé
Sans jamais céder d’un pouce
La brise insolente
Du vent glacial
Qui attaque impertinente
Les parties non couvertes
De mon visage meurtri
Souffle au loin le chant nostalgique des tropiques
Pour célébrer le charme de l’hiver naissant
Sur le chemin retour
La lune dans toute sa splendeur terne
Caresse amante
Les cimes des allumettières
Tenues au garde-à-vous
Pour l’éternité
Dans le parc rescapé de la forêt Boucher
Le sublime exulte!
Et fauche le réel
Je suis d’ailleurs et d’ici
L’âme en paix
Apprêté pour la longue marche astrale.
-29 décembre 2020
———–
Covid décembre
par Carole Fréchette
L’existence se ratatine
enroulée sur soi
Pomme à sécher
Dans une aphasie de la rétine
sans qu’on y croit
la lumière est avalée
Mais tous nos disparus
lovés au fond de nos poitrines
comme des étoiles éteintes
depuis si longtemps
si longtemps
Mais c’était il y a un tout petit instant
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Sans titre
par José Claer
Bon après-midi d’hallucinations blanches
Fixant les étoiles à l’aide de pins sur la peau du ciel
J’ai donné un coup de marteau trop fort
L’azur se fendille comme un mur qui perd son plâtre
De l’autre côté il y a un pouls
Un oiseau qui est entrain de sortir de son œuf
L’oeuf-ciel
Et tout ces petits bouts de blanc qui tombent
Nouvelle et première neige
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Rencontre exceptionnelle avec la chouette rayée
par Diane Bouchard
Préambule
Je me souviendrai toujours du regard de deux rapaces, celui de l’aigle royal croisé au zoo de Calgary en 1987 et celui de la chouette rayée demeurée un bon deux heures dans l’arbre de la voisine, dans mon quartier de Val Tétreau, à Gatineau, le dimanche 18 octobre 2020.
Les yeux de l’aigle, deux puissants lasers visant directement votre âme pour y lire qui vous êtes. Troublant yeux dans les yeux. Son regard perçant vous hypnotise. Le soutenir que quelques minutes suffit largement.
Quand la chouette rayée vous fixe du regard, elle vous envoûte tout autant. Mais, si son regard pénètre votre âme, c’est pour vous inviter à y lire qui vous êtes vraiment.
RÉCIT D’UNE MERVEILLEUSE RENCONTRE
Hier, ma voisine Emmanuelle cogne à ma porte aux environs de midi. Elle m’attire dehors en me priant de parler moins fort : une chouette rayée est perchée dans un arbre de la voisine d’à côté. Une chouette en pleine ville, en plein midi, une merveilleuse surprise de la vie!… Immobile, la chouette nous fixe du haut de son observatoire. Manue, cellulaire en main, la photographie. Je cours chercher ma caméra et, reviens aussitôt du même pas. Zut! Le zoom est bloqué!… Emmanuelle prend une dernière photo, devant retourner étudier. Me voilà seule avec la silencieuse et fascinante chouette.
J’avance lentement vers elle. Surtout ne pas l’effaroucher. Elle me regarde encore plus fixement. Quelques pas de plus vers elle… Encore et encore. Elle ne lève même pas une petite plume pour me signifier de reculer. Je monte doucement sur la table à pique-nique. Elle ne bronche pas en ne me quittant toujours pas des yeux. Au plus près possible d’elle, à mon tour, de ne plus bouger. Je plonge mon regard dans le sien. Puis, dans l’idée de communiquer davantage avec elle, j’improvise une mélodie. Mon p’tit air est loin d’être génial et ma voix manque de pratique. Mais, je sais chanter de toute mon âme et la chouette l’entend.
Elle cligne des yeux. Puis, gardant un oeil ouvert et fermant l’autre à demi, elle penche sa tête vers moi. Ma foi! Elle me lance un clin d’oeil! Elle m’encourage à continuer. Je module alors mon chant en suivant les subtils mouvements de sa tête et l’expressivité de ses regards variés. Tantôt l’enjôleuse me guide, tantôt elle s’exprime ainsi sur mon chant. Magique dialogue interrompu que par un plus que grand temps de déjeuner.
L’après-midi déjà bien engagé, je prends mon premier repas de la journée. Chaque bouchée s’accompagne d’une bouffée de bonheur. Eh! Quel sentiment d’apaisement! Par son unique présence, la chouette a rayé mon stupide stress, cadeau de la pandémie.
Je retourne dehors en l’espérant toujours là. « Chouette! Te revoilà! » me lance-t-elle du regard. Je reprends mon chant pour mon plaisir et celui de mon indulgente auditrice. Au bout d’un certain temps, je réalise que je ne chante plus toute seule : une chorale m’accompagne, une joyeuse bande d’oiseaux qui voltigent autour de nous. Certains se perchent au faîte du même arbre que la chouette. Deux intrépides osent se poser sur la branche juste en dessous de son bec… Mais, où est donc passée leur peur de ce rapace dont ils sont parfois la proie? Leur crainte évanouie en constatant l’ennemi absorbé par mon chant. Drôlement fiers les choristes ailés de m’assister à l’enchanter!… Notre concert terminé, d’un seul coup d’ailes, la chouette s’est envolée.
Ce matin, j’espérais bien la revoir dans l’arbre désormais sien. Pourtant, qu’elle ne revienne pas allait de soi… Comme la joie et le calme retrouvé qui m’ont habitée toute la journée. Une douce accalmie, une embellie en ce temps de pandémie.
25 octobre 2020
Tendresse cruelle ou le Départ solitaire (*)
par Kalula Kalambay
Dans le regard effarouché des anonymes résignés
Sous l’emprise malveillante du virus désigné
Le passé doux et fleuri
Défile fragile et affolé
Vers l’abîme solitaire
Que les muscles affaissés
Sous la peau tapissée de rides étirées
Ne peuvent combler sans lâcher prise
Tendresse et détresse
Patience, espérance et maltraitance
Se côtoient désormais sans complaisance
Sous le regard confus
De la mémoire en faillite
Où années de douceurs spontanées
Dans une complicité familiale partagée
S’entremêlent avec des journées de solitudes stoïques
Dans la plénitude de l’assistance bienveillante ou indifférente
La quinte de toux asphyxiante
Couplé au flot soutenu des fluides rebelles
Que le corps disloqué et rafistolé
Ne peut contenir à sa guise
Entrainent généreux dans leur course folle
Le restant d’orgueil et de dignité nécessaire
Pour tenir droit … debout…
Dans cette nouvelle vie de paria
Où sont-ils donc tous passés?
Pourquoi tant d’inconnus masqués autour de moi
Pour combler le silence céleste ?
Pour célébrer ma déchéance funeste ?
Où sont-ils diable donc tous passés ?
Le silence lancinant et grinçant
Qui souffle persistant
Dans le long couloir sombre
Prélude le départ imminent
Somme toute, solitaire
Adieu chers ainées.
Gatineau, le 23 septembre 2015.
(*) Actualisé ce 5 juillet 2020 dans le cadre du COVID.
Essai philosophique sur la “dignité”
par Robert Gariépy
“La dignité est une notion que l’on utilise dans le langage courant. Mais elle est riche et abstraite, et je n’avais pas l’assurance de bien la comprendre. Cet essai vise, par l’analyse et la réflexion sur les utilisations courantes du mot, à saisir l’essence de cette notion et à permettre de mieux l’intégrer à sa démarche éthique personnelle. Nous verrons qu’il y a un sens actif et un sens passif à la dignité.(…)”
Cliquez ici pour consulter l’essai intégral
Message de la terre aux humains
par Chantal DesRochers
Gardez la tête haute
Hors des flots du fléau
Cultivez ensemble une vision Collective qui va vous permettre d’ entrevoir
Un avenir meilleur
Pour la Terre
Elle vous parle, elle vous crie à tue- tête
Humains! Je vous montre le chemin
Pour vivre dans la paix et l’ harmonie
Si vous écoutez les signes que je vous envoie
Vous serez tous sauvés
Ceci est votre chance ultime
De me sauver, et ainsi d’ assurer votre survie et votre pérénnité
Un nouveau printemps arrive
Je vous offrirai mes bourgeons, mes fleurs en boutons, mes grands espaces verts
Pour que la nature reprenne ses droits
Car la nature a ses raisons que la raison veut ignorer bêtement
Je vous montre le chemin
Vers un paradis terrestre
Pour l’ éternité
Apprenez de moi…
Je possède la sagesse des siècles
Et la garantie de votre survie Car entre vous et moi: je suis II indomptable force qui vous guide hors des ténèbres de la surconsommation
Résultat de la désastreuse ère industrielle
Ou le capitalisme sauvage a ouvert la voie à l’ exploitation et au profit à outrance…
Prenez la vie mollo…gâtez- vous une fois pour toutes
En profitant de cet intermède de
dolce vita que je vous offre
Où ce silence de cathédrale historique
Représente la voix des dieux…pour l’ éternité et le bonheur post- orage à venir.
Ça va bien aller
par Nicole Balvay-Haillot
Matin gris comme tous les autres depuis des semaines. Je bouge mes orteils, mes doigts; je touche mon visage, respire profondément, laisse aller mon corps à un moment de grâce avant que mon esprit reprenne le fil du quotidien. Quand je me suis levée, en pleine nuit, la lumière orange des lampadaires, pollution que d’habitude je condamne, me sembla le seul point de repère stable dans mon univers bouleversé et je me suis hâtée de retourner à ma couette et à un sommeil que j’espérais salvateur. C’était hélas pour amorcer une descente dans les profondeurs de la Terre pour suivre des compagnons de voyage mystérieusement disparus; j’aboutis dans un cul-de-sac obscur dont je tâtai les parois pour y détecter une issue. Des voix émanant du haut d’un escalier en spirale invisible jusque là m’incitèrent à les rejoindre; au lieu de m’offrir quelque réconfort, elles m’indiquèrent en silence la direction de mon hôtel de l’autre côté d’une place grouillante de monde. Des amies m’attendaient dans ma chambre, mais me repoussèrent quand je fis mine de m’approcher d’elles : « Deux mètres ! » Ainsi le damné virus couronné contaminait-il jusqu’à mon sommeil. Cette pensée mit fin à mon état de grâce : distanciation, contagion, contamination, interdictions, confinement, prévention, provisions. Autant sauter du lit.
Aux premiers jours du confinement, mes préoccupations − du type « Qu’est-ce qu’il reste dans le réfrigérateur ? Dans le congélateur ? » − m’incitaient à piquer une tête dans le congélateur à défaut de sauter dans la piscine, fermée jusqu’à nouvel ordre. Au fond dudit congélateur, en plus des sacs de bouillon de poulet en prévision des jours de grippe – Le bouillon de poulet a-t-il des vertus prophylactiques pour traiter le coronavirus ? – traînait un sac de chou, probablement aussi vieux que Mathusalem. À la réflexion, je me suis demandé si le vieillard biblique cultivait son jardin et savait planter les choux. Et si nos petits-enfants tendrement aimés se souvenaient que, naguère, blottis contre nous, ils chantaient Savez-vous planter les choux ? Aujourd’hui anxieux et agacés à cause de leurs écoles fermées, de leurs cours en ligne, de leurs journées déstructurées, de leurs amours « sur pause », de leurs parents télétravailleurs et enquiquineurs, ils ont oublié cette période de leur vie et peut-être même leurs grands-parents. Naïvement, chacun pensait encore que ce grand chambardement durerait deux semaines, trois peut-être, et nul n’aurait imaginé que la planète entière, ou presque, serait encabanée pendant des mois. Mais qui d’autre que moi s’est mis à penser que si déconfinement il y avait − car il est impossible de retenir dans ses murs une planète entière…−, les vieux en seraient exclus ? Notre Horacio national et notre Premier ministre nous l’ont seriné : trop vulnérables, trop à risque, nous sommes condamnés à la solitude entre nos quatre murs, certes pour protéger notre santé, mais aussi pour ne pas engorger les hôpitaux. Objectif louable, mais non sans conséquence. Nous ne reverrions nos petits-enfants ni à Pâques ni à la Trinité. C’est donc à Pâques que le Premier ministre leur a suggéré de nous appeler. Certains l’ont fait, d’autres pas. Peut-être parce qu’ils nous ont oubliés, mais aussi parce qu’ils nous jugent arrivés à notre date de péremption, vu notre refus d’autoriser les téléphones intelligents à la table des repas de famille. Pourtant, c’est bien par écran interposé que mon compagnon d’infortune, autrement dit mon mari, et moi avons fêté Pâques avec nos amis. À l’écart, mais pas isolés et pas si illettrés numériques que ça, nous, les vieux ! À force de parler de « nos aînés », notre Premier ministre a d’ailleurs fini par taper sur les nerfs des concernés confinés. Ça m’a donné à réfléchir. Du haut de mes soixante-dix-sept ans, de qui suis-je l’aînée ? L’aînée d’une aînée plus jeune que moi ou la cadette d’un aîné plus vieux que moi ? À force de se voir mis dans le même panier, aînés en maisons de retraite et aînés qui grimpent les volcans et peut-être l’Everest, certains se sont rebiffés si bien que le Premier ministre, très sensible aux rumeurs émanant des chaumières, troqua « aînés » pour Sages. Ce n’est pas un changement de terminologie qui éliminera l’âgisme qui nous est tombé dessus comme le couperet sur le cou du condamné en même temps que le désormais célèbre : « Restez chez vous.» Personne n’étant en mesure de prédire quand apparaîtra un traitement pour amoindrir les effets de ce corona dont on sait si peu de chose, jusqu’à quand serons-nous encabanés ? 2222 ? Pardon : 2022. Autrement dit, pas avant la mise en marché d’un vaccin fiable, soit à la fin de l’éternité. Peut-être même de deux.
Avec un peu de chance, à la Saint-Jean-Baptiste, enfants, petits-enfants, amis déconfinés reprendront le chemin des CHSLD, des RPA, des RI…(je n’avais pas la moindre idée de tous ces sigles il y a un mois et les voilà qui agrémentent mon vocabulaire, comme quoi mon vieux cerveau n’est pas trop ramolli) et pourront serrer virtuellement dans leurs bras leurs Sages, si ces derniers ne sont pas morts d’ennui avant. Ou du virus ou de déshydratation ou de…. Quelle horreur !
Mais moi, sujet à risque en mars, en juin, à Noël, quelle sera ma liberté ? Je me sens une envie folle de me rebeller, de hurler que ma vie chamboulée de personne âgée confinée pour l’éternité vaut la peine d’être réévaluée, que nul n’a le droit de me toiser d’un air de reproche si j’erre dans une épicerie canne à la main, cheveux mal coiffés aux racines en mal de teinture, mon coiffeur étant banni de mon existence, et que si mon apparence fait de moi une denrée périmée, mon tréfonds est aussi intact que le chou abandonné dans le congélateur et qui, ma foi, était fort bon.
Trêve de chou, revenons à mes moutons, qui ne sont pas rouges comme ceux de Candide ramenés de l’Eldorado. Oui, le confinement me confine aux classiques de ma bibliothèque et non, je ne m’ennuie pas. Ce serait bien la pire des choses que d’ennuyer la personne qu’abrite mon corps. Loin de me ramollir le cerveau, l’isolement l’active. Aller au piano, jouer Schubert et Chopin tapis au fond de ma mémoire, mais aussi intacts au bout de mes doigts que savez-vous planter les choux sur mes lèvres. Aller à l’ordinateur traquer les traquenards d’un virus qui m’assigne à résidence et m’incite à rédiger mon journal de confinement. Aller à mon vélo stationnaire qui a remplacé mes séances au gym et téléphoner tout en pédalant à mes amis, surtout « les vieux » seuls à la maison. Veiller à la bonne santé de mes semis sans espérer atteindre mon autonomie alimentaire, mais rester consciente de devoir acheter localement par solidarité avec le maraîcher qui livre à ma porte. Et manger bientôt des fraises du Québec plutôt que celles du Chili. Faire des tartelettes portugaises inspirées par cet Horacio inconnu début mars et devenu le héros des Québécois. Faire du yoga et méditer sur la meilleure façon de me sortir personnellement de ce confinement. Ah! La question qui tue ! (Oui, je regarde aussi TLMEP depuis mars.)
Si habitués que nous sommes aux morts grippales de l’hiver, nous ne nous attardons plus aux statistiques. Par contre, le nouveau virus fait tellement peur que certains ne boivent plus de Corona et regardent, atterrés, s’accumuler sur leurs écrans de télévision les urnes et les cercueils en Chine, en Italie, en Espagne, en France, en Grande-Bretagne et maintenant aux États-Unis tandis que défilent les dépouilles de trop d’aînés québécois à la sortie d’un CHSLD. Pour ma part, je voudrais regarder ce covid-19 droit dans les yeux et lui intimer l’ordre de se faire la valise, comme il a imposé aux habitants de Wuhan de faire la leur, mais il est invisible, peut-être caché dans le nez de mon voisin et néanmoins ami. Pas d’écouvillon pour aller y voir ! Quand je pense qu’il y a deux mois, je ne savais pas ce qu’était un écouvillon. Un écouteur, une écoutille, une écumoire, mais un écouvillon, franchement, ce mot manquait à ma culture et je me serais dispensée de faire sa connaissance ! Ce que je voudrais surtout préciser à cet ennemi invisible, c’est qu’il ne me fait pas peur. Un jour, je prendrai le risque d’une rencontre imprévue avec lui en mettant fin à mon assignation à résidence. Je causerai certes du chagrin à ceux et celles qui m’aiment, de près ou de loin, mais j’entends leur expliquer auparavant que je préfère choisir ma date de péremption plutôt que d’attendre que l’ennemi me surprenne à découvert. Je leur dirai que tout est bien dans le meilleur des mondes possibles. En attendant, comme Candide, je cultive mon jardin. Mes semis de salade sont prêts à être transplantés en pleine terre; les beaux jours, les plus longs, approchent. Que le Premier ministre se rassure : « Ça va bien aller. »
Texte #1
par Annie St-Jean
je marcherai nue
dans les pas de mes enfants
ils se déshabillent si
facilement
de la peur
de la haine
du reste du monde
Ils portent mieux
la vérité toute nue
sur leurs dents blanches
sur leurs mains crasses
sur leurs éraflures
que le reste du monde
en entrant chez nous
retirez vos souliers
vos bas
placez vos pieds
sur les traces des leurs
regardez leur liberté
ils ne portent pas
de gants blancs
ils ne portent pas
de masques is ne connaissent pas la
distance
ils font rêver
n’est-ce pas?
Texte #2
par Annie St-Jean
minuit moins une
les yeux quittent les fleurs
qui ornent la table
un pétal à la fois
la couleur s’éparpille
dans la cuisine vide
Qui aurait cru
qu’elles nous sauveraient
de l’odeur de javel
qui nous parfume
La voleuse des grand-mamans
par Capitaine Bonnefemme
Le code secret de grand-maman
C’était à peine quelques jours avant la pandémie du coronavirus Covid 19 et de la distanciation sociale.
Pour la centième fois, Rémy regardait désespérément les rideaux fermés du salon de la maison voisine. Ils « cachent » un code secret : quand grand-maman les ouvre, il peut courir vers elle pour l’embrasser. Grand-maman sent bon le biscuit. Alors il surveille les rideaux pour savoir si elle est revenue.
Tu n’es pas ma grand-maman !
Ça faisait déjà plusieurs jours qu’elle était à l’hôpital suite à une chute. Rémy commençait à penser que la voleuse des grand-mamans était venue la voler elle aussi.
-Rémy, grand-maman au téléphone !
Sans un brin de regret, Rémy a laissé tomber sa vigie et a couru prendre le téléphone. « Grand-maman, c’est toi? »
-Rémy, tu me manque tellement. dit sa grand-maman d’une voix faible et éraillée par la douleur et l’émotion.
-Grand-maman? Ta voix???
-Je suis malade mon chéri, je m’ennuie tellement de…
Mais avant même qu’elle puisse terminer sa phrase, Rémy a laissé tomber le téléphone et s’est mis à pleurer: « Tu n’es pas grand-maman, tu es une menteuse». Courant se réfugier dans sa chambre il pensait que ce qu’il craignait le plus venait de se produire: la voleuse des grand-mamans avait aussi volé la sienne !
« La voleuse des grand-mamans »
Et maintenant, voilà que grand-maman allait déménager dans une résidence à cause de sa chute. Incrédule, Rémy regarde sa maman et dit :
-Mais comment va-t-elle faire puisqu’elle a été volée ? Elle s’est sauvée et veux se cacher de la voleuse des grands-mamans ?
-Que dis-tu mon chéri, je ne comprends pas ? Elle n’a pas été volée.
-Toutes les grand-mamans se font voler, c’est toi qui me l’as dit ! Tu m’as dit que la grand-maman de Paul était « partie » ; que celle de Pierrot était « disparue » ; que celles de Caroline, de Jean et de Mya étaient « confisquées » ; qu’on avait « enlevé » trop vite celle d’Eva, et que la grand-maman de Mademoiselle Sophie avait été « emportée »!
-Rémy, ce ne sont que des façons de parler. Les grandes personnes n’aiment pas dire le mot « mort » alors elles disent « parti, emporté, disparu, envolé… », tu comprends ?
Un froid incroyable s’est emparé de tout le petit corps de Rémy: «Grand-maman est morte?»
Mais non! Je lui parle plusieurs fois par jour, tu veux lui parler ?
-Mais ce n’est pas sa voix maman, ce n’est pas elle. C’est la voleuse des grand-mamans qui l’a volée!
-Il n’y a pas de « voleuse de grand-mamans », mon chéri. Demain nous irons la visiter à sa nouvelle résidence, et tu verras qu’elle est bien vivante même si elle est encore un peu faible. Mais au travers de la porte d’entrée, tu sais, à cause du « confinement ». Tout le monde est con-fi-né et non con-fis-qué, tu comprends la différence?
-Mais toutes les autres grand-mamans des amis alors, où sont-elles ?
-Pour celles-là, dit-elle dans un sanglot, tu as raison, elles sont…mortes.
Enlaçant encore plus étroitement Rémy, elle aussi s’est mise à pleurer. « Oui, nous irons voir grand-maman dès demain.»
Grand-maman?
Quand Rémy et sa maman ont été suffisamment près de son appartement du 10e étage, grand-maman s’est écriée :
-Rémy! Regardes, je peux presque toucher le ciel !
-Maman ? Pourquoi tu ne m’as pas dit que grand-maman est morte ?
-Mais non, c’est encore une façon de parler! Dans deux minutes tu verras qu’elle est bien vivante, ici derrière la porte, et non pas au ciel.
La voilà enfin qui arrive en fauteuil, amaigrie, affaiblie, et ses cheveux tous blanchis par manque de soins. Rémy la regarde, entend la vielle dame lui dire, au travers de la porte:
-Rémy, tu me manques tellement !
-C’est faux, tu n’es pas ma grand-maman. La mienne a les cheveux couleur de soleil, toi tu as les cheveux blancs ; elle marche, toi tu es en fauteuil ; elle a des joues roses qui sentent bon le biscuit, toi tu es blême et tu es la voleuse des grand-mamans, je veux ma grand-maman, bon!
-Mais c’est moi ta grand-maman. J’ai été très malade tu le sais. puis, inspirée, elle ajoute : «Tu te souviens de notre code secret?»
Les yeux écarquillés et plein d’espoir Rémy dit simplement : «Grand-maman? » En disant ces mots si doux, son cœur s’est subitement réchauffé, comme si le soleil l’emplissait de tous ses rayons multicolores.
-Notre code secret, c’est que lorsque j’ouvre mes rideaux tu peux courir vers moi pour m’embrasser. Tu veux bien me les apporter la prochaine fois ? Ils me font tellement penser à toi !
Laissant la main rassurante de sa maman, Rémy s’est précipité sur la porte qui les séparait en pleurant d’amour et de soulagement : sa grand-maman n’avait pas été volée. Mais déjà, après quelques minutes à peine, il était temps de partir. D’autres personnes, bien éloignées les unes des autres et les bras chargés de colis de toutes sortes, attendaient leur tour… « Promets-moi de ne pas te laisser voler, d’accord ? Je t’aime grand-maman.»
-Moi aussi je t’aime. Je te promets de faire attention…
Malheureusement, sa maman et sa grand-maman savaient bien que «la voleuse des grand-mamans», ce maudit virus, était en effet une bien dangereuse ennemie qu’il fallait craindre et respecter…
Au moins, celle de Rémy n’a pas été volée…pas encore du moins…
Les aventures de Marie la Toupie!
par Marie Séguin
Est-ce que ça vous dit de rire de moi un p’tit peu ? De ces p’tits malheurs qui m’arrivent dernièrement, et de cet autre, tout nouveau, qui m’arrive aujourd’hui.
Bin voilà ! Mon chaton, ”Mimi Chéri”, est un chat d’intérieur de 2 ans et demi. Il a horreur de se faire prendre, Je le transporte toujours dans sa cage. MAIS, ce matin, je lui ai dit qu’il était assez grand maintenant pour obtenir son ‘permis de chasse’ et je l’ai amené dans le sous-sol de mes bons voisins pour chasser les petites souris. Ca faisait déjà quelques jours qu’il les flairait. Rapidement, il s’est mit en mode ‘Chasse’.
Merde, sa cage est brisée, alors, je l’amène vitement dans mes bras. Ca va pas trop pire .
Au retour, je fais la meme chose, mais Mimi Chéri n’est pas d’accord pour revenir aussi tot. Lu prend alors un élan de révolte pour sortir de mes bras et sauter par terre. Ce faisant, avec ses griffes non coupées, il me blesse au visage, ça saigne. il ne m’a pas manqué le vlimeux !
Alors, après les pierres au foi, les ulcères d’estomac, voilà que j’ai dans le visage, pour accompagner mes boursoufflures d’herbe à puces, 4 belles blessures ensanglantées, de griffes de chat.
Pas besoin de maquillage, je suis assez déjà colorée comme ça !
par Michel Côté
Avril : mois de la poésie
par Carole Fréchette
Tandis que les médias dégorgent les données
L’aplomb coronasceptique s’aplatit
‘Ça va bien aller’ en mantra coloré
Rituel pour chasser le démon
loin, très loin de sa maison
Les héros se manifestent
Les peureux s’effacent
honteux, ils disparaissent
pendant que des braves s’affaissent
Les balances toutes déréglées
le poids des choses a changé
les repères tournent de l’œil
vivement le remède au mauvais œil !
Le courage est un vœu à soi
face au miroir de l’éternité
dichotomie du moi
où le pire et le meilleur se frôlent en aparté
Avril : mois de la poésie
Qu’aurons-nous réellement appris ?
Les chiffres
par Carole Fréchette
Quand les chiffres ont un visage
on ne compte plus les larmes
y reflue seulement ce qui se partage
à travers la tendresse des belles âmes
Quand les chiffres ont des yeux
ayant vu bien des jours heureux,
enfermé dans la nuit la plus noire
on les retrouve pour dire au revoir
Quand les chiffres ont une voix,
elle fredonne dans la boîte à souvenirs,
s’espère, s’invente même un avenir,
car parfois, seul vivre est un exploit
Quand les chiffres ont une sœur, un fils
Quand les chiffres sont un père, une fille
L’air se raréfie dans l’espace qui se plisse
Sur l’accordéon de nos vies qui oscillent
Le Néant, la Matrice et la Terre…
par Sylvia Sirois
Il était une fois, depuis toujours et à jamais, le Néant et la Matrice. L’un ne pouvait exister sans l’autre car lui était Vide et elle était Vie.
Puisque le Néant était Vide, le temps et l’espace n’existaient pas. Par contre, la Matrice qui était Vie, utilisait tout le temps et toute l’espace pour créer. Les deux étaient Amour car la Vie sans le Vide ne pouvait naître et le Vide sans la Vie ne pouvait être.
La Matrice, pleine de lumière et de vibrations, s’amusait à créer des soleils qu’elle faisait exploser dans l’espace et qui devenaient des étoiles et des planètes qui ensemble créaient des univers jusqu’à en devenir des constellations. Tous et chacun portaient sa propre couleur et son unique vibration. Une symphonie céleste manifeste se déployait dans le Néant à travers l’œuvre de la Matrice. Partout la Vie émanait la Conscience de l’Amour, incommensurable et infini…
Un jour la Matrice, qui avait fait éclater une immense boule de feu dans l’espace, décida de créer notre Univers. C’est ce que nos scientifiques appellent le « Big Bang »!
Elle créa le soleil et la lune, les planètes et les étoiles dans ce que nous appelons la « Voie lactée ». Tout particulièrement, elle fit exploser plusieurs étoiles qui se rassemblèrent en, ce qui pour Elle était, une petite boule de feu. Avec le temps celle-ci deviendrait une « planète bleue » où la vie pourrait s’épanouir. La Matrice nommerait cette planète la « Terre » une fois son travail de création terminé.
La Matrice insufflait une âme dans toutes ses créatures car toutes étaient le fruit de l’Amour et avaient sa raison d’être en son sein. Un jour, la planète Terre aurait elle aussi une âme qui possèderait la Conscience de l’Amour, cette énergie Cosmique et Universelle qui vibre partout et toujours. De plus, la planète Terre pourrait elle aussi créer la Vie tout comme la Matrice.
Pour se faire, la Matrice devait créer l’atmosphère idéale sur cette boule de feu afin que croisse la Vie. Elle prit l’Eau, qui habite sur certaines étoiles et la précipita sur la Terre afin que le feu s’éteigne sur sa surface. À l’intérieur de la Terre le feu qui restait, fit son chemin en son centre pour en devenir le cœur. Une fois le feu éteint, se matérialisèrent les éléments qui permettraient l’évolution de la vie sur Terre.
Sur sa surface la Matrice utilisa la chaleur du Soleil et sa lumière pour créer l’évaporation de l’eau et les gaz de l’atmosphère. La surface sèche se minéralisa et dans les eaux qui restaient, se répandit de la poussière d’étoile qui fit croître des micros organismes et des plantes qui créèrent l’oxygène dans l’air. Cet oxygène un jour supporterait une si immense variété de vies sur la Terre que celle-ci deviendrait, enfin, la « Planète bleue »!
Avec le temps, la Terre s’harmonisa donc avec les quatre éléments, soit la terre, l’eau, l’air et le feu. Son Amour donna naissance à tous les animaux. C’est-à-dire, les animaux marins qui vivent dans l’Eau, les animaux terrestres qui vivent sur la Terre, et les animaux volants qui vivent dans l’Air.
Terre se transformait en Mère – en Matrice – en Planète bleue vivante et viable. Son intelligence communiquait avec la Matrice dans le Néant céleste qui fit en sorte que l’énergie vibratoire cosmique de la planète pu communiquer toute la Vérité de la Vie à ses créatures et aux éléments. La Terre devenait enfin idéale pour accueillir l’Être humain que la Matrice avait planifié d’y amener un jour quand Terre-mère serait prête.
Quand l’humain s’incarna sur Terre-mère, celle-ci lui transmit tous les secrets de la Vie. Ces Êtres humains étaient doués d’une intelligence capable de Compassion qui reflétait la Conscience de l’Amour par le biais de leur travail de création.
Les premiers Êtres humains appelés les Ancêtres, vivaient en harmonie avec l’Esprit de chaque créature terrestre qui communiquait à l’âme humaine l’Amour qui l’habite. Tout était Un dans le Grand Tout qu’est la Vie. Les Ancêtres vénéraient avec leurs prières les cycles terrestres et célestes. Ils connaissaient les astres et les planètes. Ils savaient la signification des couleurs de l’arc-en-ciel et des notes de musiques. Ils comprenaient les quatre éléments et respectaient la lune qui fait bouger l’énergie de l’eau sur Terre-mère.
Un jour, bien avant notre ère, l’Être vibratoire qu’est Terre-mère, connu un grand bouleversement qu’on n’a pas pu identifier à ce jour. Tout ce qu’on sait, c’est qu’à partir de ce moment là, la majorité des Êtres humains connurent la « peur » et beaucoup perdirent contact avec la Conscience. Avec le temps, leur corps expérimentait la vie seulement à travers la matière. Leur pensée et leur égo les dirigeaient. Ainsi, la joie qui régnait dans leur cœur par l’énergie d’Amour de Terre-mère et du Cosmos, fut brouillée par de sombres émotions : la colère, le dégoût et la tristesse.
De ces émotions surgirent des sentiments de haine et de violence comme par exemple : l’exploitation de la nature et des êtres vivants; la guerre contre leur semblable; le non respect de la dignité de son prochain; l’avarice qui engendrait et valorisait le pouvoir de l’accumulation à tout prix. L’humain atteint par la « peur » ne pouvait plus contrôler ses actions malsaines car il avait perdu le contact avec son corps énergétique et spirituel qui malgré tout, l’habitait quand même et serait toujours là pour lui s’il se libérerait de la « peur ».
Cet état chez l’Être humain dura des milliers d’années durant lesquelles les humains inconscients utilisaient leur grande intelligence et leurs émotions pour détruire la Vie autour d’eux et tout ce que cela englobe. Heureusement, durant tout ce temps, certains Êtres humains gardèrent la Conscience et protégèrent les enseignements de Terre-mère et de la force Cosmique. Grâce à eux, au cours de cette période sombre, beaucoup d’Êtres humains recouvrèrent la Conscience et appuyèrent les forces de l’Amour.
Puis un jour, très très récemment, Terre-mère qui souffrait beaucoup trop, décida de créer le « roi » des virus. Celui-ci était couronné de particules rouges qui s’attachaient aux cellules du corps humain et se multipliaient rapidement pour faire son chemin vers ses poumons qu’il pouvait détruire. Ce virus invisible était dévastateur et fit très peur à tous les Êtres humains sur la Terre. Il les arrêta dans leurs pas…
Comme par miracle, du jour au lendemain, la Vie repris son rythme! C’est-à-dire que l’air se purifia, l’eau s’oxygéna et le Soleil se mit à briller de tous ses rayons sur la Terre-mère.
C’est alors que beaucoups d’Êtres humains atteint par la « peur » comprirent qu’ils n’étaient qu’Un avec la Vie et de plus en plus d’entre eux devinrent conscients à nouveau. La Compassion qu’ils émettaient fit vibrer très fort la Conscience de l’Amour sur Terre-mère, qui depuis longtemps se préparait à renouveler ses énergies.
Le temps était venu pour que la Vie reprenne sa place en son sein. L’inconscience s’effacerait un jour de toute la surface de la Terre qui se renouvellerait, enfin…
La Matrice fut très heureuse de son œuvre et accompagna la Terre dans le miracle qui se produisait sur elle, en elle et autour d’elle, dans la Lumière de l’Âmour. Ainsi, soit-elle…
Prendre l’air
par Jean Perron
à l’oreille du soir qui vient
murmurent quelques rares voitures
la noirceur serre le soleil dans ses bras
rien ne m’appelle à l’horizon
le printemps réside en moi
nous faisons quelques pas ensemble
je rentre mes mains
dans les poches de mon manteau
pas pour me réchauffer
mais pour ralentir
marcher au rythme des lueurs
celles qui s’éteignent avec le jour
celles qui apparaissent avec la nuit
au rythme surtout
des plus incertaines et des plus belles des lueurs
celles de l’espoir
La patience du soleil
par Jean Perron
les vélos passent moins proche
beaucoup moins proche ces jours-ci
quand ils arrivent derrière moi
mais laissent parfois une odeur humaine
un instant dans tout ce qu’exhale le printemps
des oiseaux chantent en toute quiétude
une ambulance les rappelle à l’ordre
j’ai un pied dans la douceur de vivre
et l’autre qui saigne avec le monde
je longe un boisé porteur de renaissance
et si le vent est encore un peu froid
le soleil invite à la patience
sa lumière ruisselle entre les branches
comme l’eau et le savon entre mes doigts
à mon retour à la maison
La marche du printemps
par Jean Perron
le vent fait tournoyer les feuilles mortes
réapparues sous la neige fondue
l’automne danse en avril
avec la poussière des rues
et les chiffres des bulletins de nouvelles
lentement passe et repasse
une voiture de police aux vitres teintées
une chenille rampe sur le sol humide
se chauffe au soleil en bordure de l’asphalte
et tout continue d’avancer à son rythme
je regarde les arbres aux branches nues
des bourgeons se montrent discrètement
je me dis que si je n’avais jamais vu le printemps
jamais je ne pourrais imaginer
les feuillages les fleurs les fruits
les pelouses et les potagers verdoyants
jamais je n’imaginerais qu’après
cette saison trempée de boue et de larmes
puisse venir une vie nouvelle
d’un œil je vois le monde pour la première fois
l’autre est enraciné à la terre
sa mémoire
son énergie
son élan vital
Covid-Haïku
Par Kalula Kalambay
(1)
Confinés par Corona
Trafic en arrêt total
Le Ciel respire
(2)
Arrêt brutal du temps
Le printemps arrive seul
L’humain questionne
(3)
Crise de panique
L’idiot pointe du doigt
Pas le sage
(4)
L’oiseau gazouille
Il est midi trente passé
L’écureuil danse…
(5)
Pinceaux durs trempés
La terre tremblote d’effroi
Le canvas demeure sec
(6)
Chien blanc en liesse
La tornade s’amplifie
Adieu balade
par Carole Fréchette
Hier, sur toutes les portes, les enfants ont collé des poissons d’avril
Encore du rire dans leurs arcs-en-ciel
Encore des oies sauvages dans le ciel
Encore du vent trop frais du printemps
Encore partout, chacun attend
Encore des yeux tournés,
qui vers leur dieu, désespérés,
qui vers la science, le salut,
qui vers ses frères qui n’ont plus,
mais la valse continue,
le soleil miroite sur les dents des enfants
leurs jeux joyeux comblent la vie émue
….
Enfin, l’heure se détend
La gratitude
par Benoît Cazabon
En ces moments de confinement, l’idée de la gratitude m’a effleurée. Chaque cas particulier que les médias, la famille et les amis transmettent mérite notre attention, notre compréhension, notre compassion. L’expérience actuelle est exceptionnelle. L’humanité entière est arrêtée pour la première fois de son histoire.
Chaque vie est unique ; et elles disparaissent à nos yeux d’une façon inhabituelle. On ne mourrait pas comme cela dans les CHLSD en période « normale ». Il y a aussi les opérations du cancer retardées, entre autres ; les jeunes employés dans les services obligatoires atteints du virus. Peut-on parler de vies sacrifiées ? Si oui, il faudra bien s’armer d’arguments forts avant de pointer du doigt un responsable. Le phénomène que nous vivons, je l’ai dit, est sans précédent.
Ce matin, comme plusieurs fois ces derniers temps, je me suis posé une question. Je suis ici dans un corps sans douleur. Même mieux, je suis dans un état de bien-être physique. Je tâte mes émotions et je ressens de la joie et de la paix. Suis-je en train d’éviter quelque chose me lance une petite voix ? Je contemple ce moment, paisiblement, et j’observe que mon esprit est assez réaliste. Il y a de la clarté dans ce transvasage que mon cerveau opère. Alors quoi ?
Les médias sociaux nous bombardent d’allusion à la résignation, à l’obéissance des consignes (qui changent trop vite), aux façons d’occuper notre temps. Il y a cet arc-en-ciel du « Ça va bien aller ». Beaucoup d’humour autour du confinement. J’aime cette façon d’avoir une certaine prise sur l’incertain. La créativité est à son mieux de sa forme. Tant dans la façon dont les parents tirent leur épingle du jeu que chez les artistes qui font à distance de véritables beaux spectacles. Nous avons développé ce sans-gêne à exprimer publiquement nos manques. Manque de vin, de chocolat (j’en connais une !), manque de voyages (et on affiche ceux qu’on a faits), ou ce « regardez-moi à 5,12, 20 ans » et on affiche les photos du passé. Ne sommes-nous pas en train de reconstruire une normalité perdue à travers ces gestes si humains ? Que faisaient nos parents quand la visite se pointait. Ils sortaient l’album de photos. Nous réapprenons à nous dire les uns aux autres plus librement.
Alors, je regarde tout cela, et davantage, et je suis animé d’un sentiment de gratitude. C’est banal comme chou, mais je commence par celui-ci. Je ressens une grande satisfaction devant le téléviseur, calepin en main, à inscrire toutes les publicités devenues non pertinentes. Est-ce que j’ai le goût d’une nouvelle voiture rutilante ; d’un investissement « off-shore » ; d’un prêt sans intérêt ; de suppléments vitaminiques (oui un peu) d’un veston dernier cri (pour porter où) ? Mon corps se prend d’un délice à savoir que je suis bien dans la simplicité. Je fais « maigre » tous les jours : sobriété, retenue, modération. Toutes les petites réparations et rénovations peuvent attendre. (Oui, oui, André, je vais apprendre à mieux demander.)
Mais attendre quoi ? Le retour à la normale, bien sûr ! Et là, une certaine crainte se pointe. Retourner à la normale, comme dans « faire tout ce que nous faisions avant la pandémie » ? Mais que fait-on du « rien ne sera plus pareil » ? Du « ce que nous faisions est en grande partie responsable des restrictions actuelles » ? Dans ce moment précis s’installe le doute sur mes semblables. En d’autres mots, je m’éloigne de la gratitude que je ressentais si pleinement.
Comment m’expliquer ces diverses volte-face de mon esprit ? En demandant de l’aide auprès de grands penseurs. J’aime bien ce que André Comte-Sponville dit : « La gratitude porte sur ce qui fut, en tant que ce qui fut demeure. C’est la joie de la mémoire, et le contraire de la nostalgie. […] C’est l’inverse de l’espérance. » N’est-ce pas ce que je tentais d’exprimer ? Il y a en moi un sentiment positif qui demeure en moi. Une joie de la mémoire, dit-il ? Dans les hormones (sérotonine, endorphine, dopamine, ocytocine, parmi celles dont je me souviens) il y a des porteurs de joie. Elles ne voient pas que le passé tragique ni le futur manquant. Ni nostalgie ni espérance. Ces deux modes de pensées épuisent le système nerveux. Impossible dans cet état d’être de rejoindre la quiétude, la paix, disons-le, la gratitude.
La gratitude est très intimement liée au bonheur. Le bonheur, ce n’est pas être toujours joyeux ou satisfait. Il y a des jours hauts et des jours bas. Le bonheur est dans la durée. Le bonheur est dans la possibilité (dans notre être) d’être heureux. C’est un état d’esprit : je ne suis pas nostalgique d’un passé, ni espérant un avenir différent. Ces attitudes, au contraire, nous remettent dans la crainte ou le manque. Elles annulent la possibilité d’être heureux et reconnaissant. La Terre a perdu sa durée; la terre n’est pas heureuse.
Un autre grand, Spinoza (1632-1677), considère que le bonheur est le contraire de la résignation. En gros traits, disons qu’il tire son raisonnement depuis l’idée de liberté. Nous sentons tous une satisfaction à nous conserver comme êtres vivants. C’est notre instinct de vie que reprendra Freud. Le bonheur est dans une action : celle de vivre sainement. L’action du corps qui brise l’inertie et la sclérose. L’action des émotions positives qui nourrissent des valeurs enrichissantes. L’action de l’esprit qui envisage le réel plutôt que les fabulations par ses discernements justes. Nous ne sommes pas confinés par résignation, mais bien par la satisfaction de nous conserver.
Mais il y a une plus grande satisfaction de soi qui nous anime ; elle est issue de la connaissance vraie et de la liberté véritable. Pour Spinoza, ce qui est utile me donne joie et générosité. Qu’entend-il par utile ? Ce n’est sûrement pas ce que pensent nos dirigeants en voulant que l’économie retourne à la normale ! Non ! La résignation dont il fait mention nous abaisse à des victimes se plaignant de ce qu’il nous manque. L’idée de liberté est travestie en besoins de consommation, de pouvoir et d’abus. La consommation outrancière est contraire à la préservation du vivant. Il n’y a aucune gratitude chez le consommateur ; il en demande toujours davantage.
La gratitude est liée à la connaissance vraie et à la liberté véritable. C’est la conscience collective de participer dans le grand Univers. Nous connaissons vraiment quand nous sommes libérés de nos affects négatifs : peur, colère, tristesse. Dans ces cas, la satisfaction, au premier sens de Spinoza, s’estompe : incapable de se conserver comme êtres vivants. À bien y penser, c’est un peu ce qui se passe en ce moment. Nous avons oublié que nous sommes de la nature. Nous respecter et la respecter. Il y avait un équilibre que nous avons rompu.
Plus profondément, la seconde satisfaction que nous ressentons par la connaissance vraie et la liberté véritable remonte à la notion spirituelle de l’être responsable que nous sommes. Allons-nous remettre en marche des usines à charbon pour relancer l’économie ; investir nos deniers publics à sauver les oléoducs polluants ; sacrifier des vies de travailleurs, de vieillards et d’élèves pour que nous ayons l’air de « retourner à la normale » ?
Je sens une grande gratitude dans ce moment unique qui nous est donné de pouvoir changer le courant des choses. Mieux se conserver par la rupture essentielle avec les aspects négatifs du passé. Mieux conserver celle dont nous sommes issus, la Nature, en respectant l’équilibre qu’elle nous enseigne depuis toujours.
Benoît Cazabon, 11 avril 2020
Le grand retour de la vie matérielle
par Clara Lagacé
inscrire « couper mes ongles »
sur une liste de choses à faire
remplir ma demande de chômage
tricoter l’ennui
tentant de tromper
les impératifs du
néolibéralisme performatif maille par maille
et
couper mes ongles
j’applaudis les canadiens gagnent la coupe à la télé
j’ovationne le national theatre diffuse gratuitement
ses meilleures productions
je me gave de trente-cinq mille live stream culturels
offerts en même temps les oubliant aussitôt
j’inscris « m’étirer les jambes
tous les jours »
j’inscris « gagner à super smash bros avec un autre personnage que samus »
je raye « couper mes ongles » de la liste
qui s’allonge grossit se noircit
devient plus qu’une page
bientôt illisible
technique éprouvée pour
mieux y enfouir l’essentiel
Covid-mots
par Michel Côté
La nature et l’épidémie
par Benoit Cazabon
Jeudi, le 19 mars, j’écrivais à mon retour de Floride : « En route, je regardais la nature évoluer, des palmiers, aux feuillus très en feuilles, aux arbres fruitiers en fleurs, pour passer aux arbres dégarnis et je me disais : la nature se fout totalement de nos petits problèmes. En fait, peut-être, sera-t-elle soulagée. »
La première phrase est fausse quand je dis que la nature se fout de nos problèmes. La seconde demande élaboration.
En fait, la nature est une conscience plus éclairée que la nôtre quand nous perdons contact avec nous-mêmes. La nature, c’est quand vous portez votre main à votre ventre et que vous prenez conscience de la tranquillité qui y habite, l’absence de besoin, le mouvement imaginé des nerfs au repos, du sang qui irrigue le système, de l’air qui descend au plus profond de vos poumons.
À ce moment-là, vos émotions palpables prennent la couleur de la douceur, de la compassion, de la joie, de la confiance et de la force aussi. Et curieusement, votre esprit se libère. Plus de compétitions futiles, de comparaisons fausses, d’hypothèses farfelues, de raisonnements fabriqués sur des statistiques et des précédents sans fondements réels. Vous êtes libres devant ces trois états : des sensations porteuses, des émotions vraies, un esprit clair. Ici, maintenant, c’est ça !
Plus prosaïquement, la nature, c’est le petit chien qui tourne sur lui-même trois, quatre fois, avant de s’écraser dans son panier. Pourquoi cette routine ? Des milliers d’années passées, ses ancêtres piétinaient l’herbe de la savane avant de se faire une couche. Sa nature se souvient. C’est aussi le cheval qui laisse tomber son crottin avant de trottiner. Pourquoi ? Esprit de sauvegarde. Son estomac est relativement peu évolué. Il ingurgite des masses de nourriture. C’était un animal sans défense dans le passé. Sa force ? La fuite grâce à ses jambes agiles. Donc, pour courir, mieux vaut être léger. Aujourd’hui, il n’a pas besoin de se protéger. Mais sa nature se souvient.
Nous avons en nous le souvenir de guerres, de disettes, d’épidémies. La grippe espagnole tiens, on a connu des gens qui l’ont racontée. (Cette épidémie atteint son paroxysme entre le 10 et le 20 octobre 1918. Elle fera 500 morts à Québec et 3 500 à Montréal. Entre 20 et 50 millions au plan mondial, selon l’Institut Pasteur.) Peut-être sommes-nous affectés aussi (j’allais écrire : infectés) par une certaine Conquête et une rébellion avortée des Patriotes ? Les traces sont inscrites dans nos émotions négatives, dans nos faux raisonnements. Exagérations ou dénis? « Nous allons tous y passer. Puis, quand on pense que c’est fini, elle va revenir. » ou « Ben, voyons donc, moi, je rentre au pays dans un mois. C’est pas plus dangereux ici. Les médias disent du n’importe quoi ! »
Comme pour le chien ou le cheval, ce n’est pas la réalité présente qui compte autant que l’inscription de signaux dans notre nature. Puis-je m’arrêter de « tourner en rond » avant de me coucher ? Puis-je arrêter de « déféquer » par peur qu’une issue incontrôlable ne m’atteigne au beau milieu de ma petite vie tranquille ?
Donc, la nature ne s’en fout pas. À Wuhan, berceau du covid19, l’air s’est clarifié, dit-on. Les oiseaux sont revenus. Il semblerait que l’eau est plus limpide à Venise. La nature se repose. Les satellites enregistrent des baisses de pollution inédites. Elle refait ses forces parce qu’elle ne supportait plus nos agressions. Ce n’est pas la revanche qui l’inspire. Elle nous rappelle les lois de l’équilibre. Elle refait sa couche confortable; elle élimine pour mieux courir vers la vie. Elle nous a mis en quarantaine pour nous rappeler que nous sommes une communauté de destin. Oh combien, n’est-ce pas ?
Quand j’entends dire que nous sommes « en guerre », je peste. Au contraire, la nature nous rappelle que nous sommes tous solidaires et interdépendants. Il faut les deux notions selon Edgar Morin. Pour l’instant, la mondialisation aura été une interdépendance, financière surtout, sans solidarité des humains. Une pure construction économique. Une gestion de la durabilité, disent-ils. Foutaise, vous êtes au service de la rentabilité. Point à la ligne.
Le confinement limite la consommation, tant mieux. La terre respire ! Le financement des sables bitumineux a perdu son sens, tant mieux. En ce moment, je regarde les deux ponts interprovinciaux (Cartier-McDonald et Alexandra), je vois à peine 10 voitures en tout, dans les deux sens. Et si c’était comme ça que ça devait se passer ?
Au terme de cette expérience troublante, aurons-nous appris une leçon sur la nature ? Si nous devenions vaccinés contre l’abus. La nature est comme mon ventre. Elle doit être détendue, calme, sereine. Elle est généreuse quand on la respecte. Elle se rabougrit quand on l’insulte. La pollution l’insulte. Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas faire autrement financièrement. L’avidité du gain commande nos choix. Le gain des corporations sans âme, sans nature.
Wuhan, ville de 11 millions d’habitants où 3 245 personnes sont décédées ne signale aucune nouvelle contamination en ce moment. Le pire aura duré trois mois, peut-être? Et nous ? SVP, pas de suppositions statistiques ou de théories abracadabrantes. Garderons-nous un certain sens de notre humanité qui nous habite en ce moment ?
Edgar Morin : « Le confinement peut nous aider à commencer une détoxification de notre mode de vie » Le Nouvelobs, 18 mars 2020. (Ce philosophe aura 100 ans le 8 juillet 2021 !)
par Alexandre Deschênes
Poème en quarantaine pour un cinquantenaire
par José Claer
par Louise Boucher
Assigné à résidence: improvisation no. 1
par Guy Jean
S’asseoir devant la fenêtre
regarder dehors
ciel de printemps bleu pâle
la semaine dernière il était d’hiver bleu acier
limpide traversé de légers doutes
rares nuages fins étirés
presque oubliés du vent
arrêter son regard
sur chaque élément
encadré par la fenêtre
arbres toitures clôture
cabanon promené de soleil
neige brillante neige sale
exposition sans vernissage
impermanente se renouvelle
sans arrêt
s’asseoir regarder
les yeux pas pressés
Rap d’actualité #16 – mars 2020
par David Dufour
Mamako mamasa mako makosa
Rap d’actualité sur soulmakosa
C’est pour les travailleurs d’la santé qui ne se reposent pas
Depuis l’arrivée d’la maladie du corona
Non l’épidémie ce n’est pas un feuilleton
Mettant en vedette Julie LeBreton
Tout est annulé c’est un désappointement
Mais ce n’est pas une raison pour annuler le printemps
Quand chu confiné chez moi j’fais des collations
J’suis la recette des tartelettes de Horacio
à chaque j’fois qu’mes enfants me réveillent super tôt
J’leur lis du Astérix rest in peace à Uderzo
J’fais des huhs, j’fais des atchoums
Le Covid se propage par toux
So j’fais attention pour être en good shape
J’évite les poignées d’main j’donne des coudes-shake
Tout l’monde se pitch sur du Cotonnelle
De manière émotionnelle, c’est comme pas rationnel
Chu pas comme rassuré
C’est pour les travailleurs autonomes qui ne sont pas assuré
Au moins François Legault m’rassure
Dans son coton ouaté couleur ciel azur
Les gens pessimistes sont comme dans nature
Mais j’sais qu’les rayons d’soleil vont trouver leur embrasure
ca va bin aller ma fille dessine des arcs en ciel
chu tellement sick que des raps j’en sors en quarantaine
écoute j’ai entendu ça comme vieille farce
Supposé qu’on a guéri quelqu’un du VIH
So y’a de l’espoir!
C’est ce que ça laisse croire
Des fois faut faire confiance a l’histoire
So va sur ton balcon pis joue du bango
Comme si tu jouais avec Manu Dibango