L’AAAO aimerait souhaiter bonne journée nationale des Premières Nations !
Nous reconnaissons et célébrons l’histoire, le patrimoine, la résilience et la diversité des Premières Nations, des Inuit et des Métis de partout au pays.
MOI, RIVIÈRE PAR JANINE CARON
Kitchissipi,
je suis!
J’éblouis, je ravis.
Je lave sans entrave, sans ambage.
Je purifie sans bruit.
Je mets mes êtres vivants à l’abri.
Parcours au long cours…
où mes rives respirent,
les athlètes transpirent et
des cœurs chavirent.
Moi, rivière agile
Je coule tranquille,
milles après milles
depuis des lunes,
au fil des ans,
au fil de l’eau.
J’abonde dans mon sens,
je vibre par mon insouciance,
ma cadence.
Moi, rivière peu sage
au passage sans âge ,
je suis sans adage.
Je n’ai
que le courage
de mon flux!
J’évolue,
me perpétue.
Moi, rivière de joie,
On vogue sur moi,
narquois.
On suit ma voie,
on suit sa voie.
En rabaskaw
ou en canot d’écorce,
on connecte avec le cosmos.
Ça nous renforce!
Moi rivière, je donne
Je n’appartiens à personne.
Mon son résonne à l’infini.
Je ne prends parti.
Pourquoi? Pour qui?
Je fais partie de la Terre Mère.
Comme vous, j’grandis,
j’m’épanouis.
J’vibre aux sons d’la vie!
Moi rivière, j’partage,
j’rends hommage.
J’suis à votre image.
J’suis pas là pour vous,
J’fais partie de vous,
d’la famille terrienne.
Mes eaux sont grégoriennes et
victoriennes!
Les mots en algonquin à insérer /intégrer /scander:
Mâmâ mâmawi inini nibî nigî mîgwech kizagin
(Mère, ensemble, homme, eau, guéri, merci, je t’aime)
Extrait de la pièce de théâtre LE HUITIÈME FEU de Dominik McNicoll
Luciole : C’est la valise que Nanabush avait avec lui. Elle
contenait de la lumière. Il paraîtrait qu’aucun humain ne l’ait encore trouvée.
Certains ont été proches de le faire mais sans jamais réussir ! On la cherche
encore cette lumière, ce 8e feu.
Pluie d’étoiles : Oui, cette lumière dont on parle, c’était
la quête de Nanabush. Il a traversé des villages entiers à éduquer les gens
afin de leur aider à calmer leurs angoisses. Sa grand-mère Nokomis, ma bonne
amie qui est devenue Lune, a veillé sur lui pendant tout son pèlerinage.
Deuxième passage: tiré de Le Huitième feu (deuxième pièce de
théâtre)
Luciole : Mes ancêtres l’ont rencontré ce Nanabush. Il est
parti, il y a très longtemps répandre son savoir auprès des peuples. Mes
ancêtres lucioles, lui ont éclairé le chemin.
Libellule : Ainsi que les miens car Pluies d’étoiles n’y
était pas encore.
Pluie d’étoiles : Je n’y étais pas au début de son aventure
mais, éventuellement, je suis montée dans les cieux pour aider à mon amie
Nokomis ,la lune, sa grand-mère. Je lui ai aidé à éclairer non seulement ce
jeune qu’on nommait Grand Esprit mais tous ceux qu’il rencontrait sur son
passage
Nouvelle tirée du recueil de nouvelles intitulé UNE VOIX POUR TOUS ET CHACUN par Anna Rose
– Maman, savais-tu que depuis un certain temps, partout où je vais, je suis suivi par un bel oiseau rouge ? Le plus souvent, il se perche à la cime d’un arbre avant de me saluer en redressant la huppe. Tient donc ! Et que te raconte-t-il mon garçon ? Jacob me regarda d’un air étonné. –Mais comment as-tu fait pour deviner, il s’est déjà confié à toi aussi ? Je lui souris tendrement avant de m’agenouiller à ses côtés pour lui raconter. Tu sais mon chéri, la pomme ne tombe jamais très loin de l’arbre. –Mais qu’est-ce que ça veut dire ? –Et bien que puisque tu es mon fils, tu as hérité de certains de mes attributs. Tu vois, moi et toi, on se ressemble sur plusieurs points. C’est souvent ce qui arrive lorsqu’on est très proche de quelqu’un qu’on aime et qu’on passe beaucoup de son temps avec celui-ci. En bon élève, Jacob resta muet en attendant que j’éclaircisse davantage le sujet. J’en profitai pour cajoler ses épais cheveux blonds avant de poursuivre.
– Comme moi, tu es un être très sensible qui perçoit les choses un peu différemment des autres. C’est une très belle qualité que peu de gens possèdent de nos jours. Si tu apprends à cultiver cette vertu, elle sera la clé qui te permettra d’ouvrir le grand coffre aux trésors de la vie.
Sur ces mots, je vis briller les yeux de mon fils tel deux diamants luisant au soleil. De plus en plus intrigué, il vint s’asseoir sur mes genoux avant de passer son bras tout autour de mon cou pour m’embrasser tendrement sur la joue. –Mais il est où et comment vais-je faire pour trouver ce trésor ?
– Avant de partir à sa recherche, tu devras t’assurer de toujours respecter la règle suivante. –Dis-moi, laquelle maman, laquelle, s’il te plaît ! Je te promets que je le ferai ! – D’accord, dorénavant, il te faudra toujours te fier à ton instinct. Peu importe les circonstances et ce que les autres pourront penser de ta vision ou de ta compréhension des choses, tu devras rester fidèle à la petite voix qui se cache tout au fond de toi. –Une voix ? Une ombre s’était glissée sur le visage de mon petit ange désormais l’air inquiet. –Mais comment se fait-il que je ne l’ait encore jamais entendu ? –Rassure-toi Jacob puisque contrairement aux autres, celle-ci ne s’entend qu’avec le cœur. Elle te confiera le moindre de ses secrets sous la forme d’une impulsion. Ce sera un peu comme une volonté intérieure qui te guidera et te poussera à agir comme tu le dois tout au long de ton existence. C’est ce don qui te permettra le plus souvent de pressentir les choses.
– Au fait, à propos de cet oiseau qui te suit, pourquoi crois-tu qu’il t’accompagne ? Jacob me répondit sans hésiter avec toute la conviction du monde. –Et bien, c’est parce qu’il veille sur moi maman. C’est l’impression qu’il me donne lorsqu’il vole ou qu’il chante à mes côtés. –Tu vois mon garçon, c’est exactement ça l’instinct. Personne ne te l’a dit, ni même cet oiseau, mais tu l’as su en te fiant à un sentiment profond, difficilement explicable. Tu sais, ce joli Cardinal qui te protège et bien, il fait aussi partie de ma vie. J’ai remarqué sa présence tout juste après le décès de ton grand-père.
À la fois ému et émerveillé, Jacob versa quelques larmes en silence sans doute en même temps qu’il se remémorait les plus beaux souvenirs qu’ils avaient gardés de celui-ci.
– Bientôt, avec un peu de pratique, tu prendras conscience que tous les éléments de la nature ont aussi le pouvoir de te guider et de se révéler à toi. Non seulement les oiseaux, mais aussi les animaux, les insectes, le vent, les arbres, les feuilles, les fleurs et tout ce qu’il te sera possible de trouver sur cette planète.
Laisse-moi te donner quelques exemples. Sache que depuis que je suis toute petite, j’accorde une grande importance au ciel tout autant qu’au soleil. À force d’expériences positives, j’ai développé la conviction profonde que cette étoile était capable de me dynamiser par sa couleur, sa lumière et sa chaleur. Elle est pour moi une source inestimable d’énergie qui me régénère continuellement lorsque je m’y expose. Ses puissants rayons parviennent à me réconforter, et même à soulager mes vieux os lorsque j’en ai besoin. Je pourrais donc affirmer avec certitude que le soleil a toujours été un précieux allié voire un ami pour moi.
Tu sais Jacob, comme tout le monde, il m’arrive parfois de me sentir seule ou bien d’être triste. Dans ces moments difficiles, je m’efforce de tourner mon regard vers le ciel pour m’éloigner de ce qui me chagrine à l’intérieur. Ainsi, si je pose mes yeux sur un ciel bleu, je retrouve presque instantanément ma bonne humeur. Ça a un peu le même effet que lorsqu’on contemple une jolie fleur et qu’on en hume son doux parfum.
Tu comprends, il faut être attentif à tout et garder l’esprit ouvert. Apprends à te nourrir et à apprécier les belles choses qui t’entourent. Ne crains pas la noirceur de la nuit puisque quoi qu’il puisse arriver, le jour finira toujours par se lever. Profite de son silence pour lui confier tes vœux les plus chers avant qu’elle ne te les accorde en décrochant pour toi les plus brillantes de ses étoiles. Une fois que tu les auras vu filer, elles rempliront tes rêves de promesses et d’espoir.
En tout temps, observe ce qui t’entoure et profite de la générosité de la mère terre. Si tu croises un papillon sur ton chemin, sache en apprécier ses gracieux battements d’ailes qui viennent ajouter de la couleur à ta vie. Rappelle-toi qu’il fut un temps où il était une chenille et que comme celle-ci, nous avons tous le pouvoir de nous transformer. Vois comme la vie est à la fois belle et fragile. C’est sans doute l’enseignement qu’ils ont voulu nous donner.
La prochaine fois que tu t’assoiras sous un arbre, prend le temps de le remercier pour l’ombre que t’offre son beau feuillage. Regarde de quel côté sont tournées ses feuilles, elles te renseigneront peut-être sur le temps qu’il fera demain. Prends note de la luminosité et du moment où les criquets se mettront à chanter la prochaine fois que tu te baladeras dans un pré. Tu réaliseras que ça a presque toujours lieu lorsque l’été tire à sa fin.
Tu sais, je n’ai rien inventé de tout ce que je viens de te raconter. Depuis toujours, les tribus amérindiennes considèrent que le moindre recoin de cette terre est sacré. Que chaque chose ; cailloux, coquillage animal, du plus petit au plus grand, ont tous la même valeur.
Ils ont toujours su que nous faisions tous partis de la terre tout autant qu’elle faisait partie de nous et que toutes les choses étaient interalliées entre elles.
Malheureusement, aujourd’hui, les mœurs et valeurs des hommes ont beaucoup changé. Plusieurs se croient plus civilisés et instruits qu’autrefois et pourtant, ils ne savent plus parler aux arbres, aux plantes, au peuple ailé, aux quadrupèdes, aux êtres rampants, aux mammifères ni aux poissons.
Pour toutes ces raisons mon fils, je t’invite à t’émerveiller pour ce qui a le plus de valeur à mes yeux. N’oublie jamais de tendre l’oreille au vent lorsque tu courras dans les champs de blé. Qui sait ce qu’il pourrait te dire ?
Tous rassemblés, ces petits bonheurs agrémenteront ta vie.
Si tu restes le gardien fidèle de la clé de ce trésor, tu te souviendras toujours que l’essentiel peut se définir à l’éclat d’une luciole dans la nuit, au souffle d’un bison en hiver ou à l’ombre qui court dans l’herbe pour se perdre au coucher du soleil.
PEUPLES OUBLIÉS par René Leduc
Tout ce déluge de larmes déversées
Sont des paroles qu’on a oubliées
Et qui s’échouent sur des lacs tourmentés
Toutes les promesses qu’on remet à demain
Sont des feuilles tombées d’arbres nains
Et font dentelle au creux de nos mains
Toutes les rides sur ces visages incrustées
Sont des sourires vivants de paternité
Qui sont voués à perdre leur identité
L’animal sauvage qu’on a pris au piège
Servira de refuge et de privilège
Pour ceux qui craignent l’état de siège
Il y a ces peuples oubliés sur des listes
Qui vivent dans nos pensées et ressurgissent
Souvenirs de printemps comme fleur de lys
Toutes ces nations qui tombent dans l’oubli
Dans des pays et des territoires assujettis
Sont victimes de l’ignorance et du mépris
À nous de perpétuer cette relation
D’encourager cette souveraine révolution
Trop souvent étouffée par la répression
Comme les pierres qui dorment au fond de l’eau
Que l’on cueille pour en faire cadeau
Après les avoir colorées avec nos pinceaux
Ils renaîtront de leurs cendres tour à tour
Comme des chemins qui se croisent à un carrefour
Et seront de nouveau à l’ordre du jour
Gens de peuple non soumis
Regardez-vous aujourd’hui
Vous ne serez plus jamais seuls et incompris.
Peuples oubliés
POÈME SANS TITRE par José Claer
À ma mue en musique et en mystique : Maya Cousineau Mollen, poétesse Innu et déesse des chats de l’éclipse noire
Quand le silence est une gifle qui gicle trop. On en perd son latin/son latinos/ses 101e façons de dire et vivre « la neige » en Innu-aimun/sa démangeaison de brûlots/son cri de Cries/sa ceinture fléchée pas le droit de tourner à gauche/pas le droit d’entrer ici sans rouge-à-lèvre. La vie attend sa relève. Que tu te relèves et qu’on te relaie.
Une histoire sans majuscule et pourtant vécue par des gens de faim sans fin. Faim de reconnaissance au Mercure, comme du poison dans la langue parlée avec des chocs électriques pour bien faire comprendre le « frame » et le « fame » face à des famines de forêts guillotinées. Ils veillent dans chacun de tes mots à voile et à vapeur, Maya Cousineau Mollen, tu te lèves et dit « présente », présence de la mère bénie avec le souffle et non la sulfure, bénie sans aube d’épines qui lui servirait de robe à cercueil, mais 1000 baisers de politiciens qui laissent des échardes dans le « core » de la langue originelle et qui pousse à nouveau, au travers de la magie des champignons, des ruches qui font l’arbre gynécologique de ta Nation, un totem enceinte. Un totem c’est toujours un 2 Spirits, non ? Nom et pronom et archivage des esclaves qui signent d’un signe X à l’âge du père Louis XIV, et aujourd’hui, sur la Ste-Cath, ses filles qui signent dans des vidéos XXX. Je m’accroche la pensée à des : « legs », « bénéficié » et « préservation ». Je lis au passage, ce qui n’est pas encore du passé, tu as bénéficié en guise de legs des préservatifs faits à partir de parchemins trop blancs. Coudonc, les condoms sur la bouche et sur les générations du compte-goutte. Castrés vos totems comme vos sexes. Il y encore le respect du cadastre et du cadenas sur ton territoire de fête. Ta musique achève même les chevaux vapeurs. Je suis d’une race de robes (la prêtrise et la justice). Je suis un transfuge de genre. Et on arrive, toi-Maya et moi-iel, à du face-à-face de beauté spontanée. Et tout part de là, de la Tortue qui est au début et à la fin du monde. Et « monde », ce n’est pas vraiment le mot, c’est un mot trop sourd et trop blanc.
LES ESPRITS ÉGARÉS par Rémy Beaulieu
»Je sortis des édifices à bureau et pris l’autobus qui me mènerait de la Promenade du
Portage vers le quartier des Seigneuries dans la partie ouest de la ville.
Mon regard fut attiré par un monsieur assis tout près qui avait l’air bien affairé. L’homme tenait un crayon à la main et semblait inscrire des mots sur une feuille. Il regardait une page puis transcrivait sur une autre ce qui semblait être un décodage ou une traduction. « Bizarre! » pensai-je. Les mots que je percevais du coin de l’œil semblaient n’avoir aucun sens. Cela m’amena à me demander qui pouvait bien être cet étrange personnage. (…) »
Téléchargez l’intégral du texte Les esprits égarés en cliquant sur ce lien :
Les-esprits-egares-par-Remy-Beaulieu
EUZÔTES ET NOUZÔTES par Jeanne Devence-Riviriego tiré du livre Première année au Québec par 4 saisons
La radio déversait ses tentatives d’informations.
Un mot me « titillait » dans la « boite à penser », comme le disait mon voisin.
C’était le mot « indien » ….
On y racontait des histoires de pêche, de rivière à saumons, de quota, de droits
Ancestraux avant ceux des « étrangers » qui viennent pratiquer la pêche sportive…
Bref, la chicane des chicanes passées, présentes et à venir, se pratiquait sur tous les modes.
Alors, je réalisai que dans ce pays de Québécois francophones et Anglophones, il y avait une troisième réalité à découvrir…au présent.
Je me mis à discuter avec ma copine Louise qui avait visité l’Amérique latine et bu du café avec une famille indienne de la lointaine Cordillère …
Sa réaction me laissa pantoise, car je voulais aller à la rencontre des indiens…d’ICI
Les…Autochtones dit-on…
-« Ben voyons don’…qu’est-ce qui peut ben t’attirer «chez euzôtes ! »…Y ‘a rien l« a…Y sont dans leur «réserve…y’a vraiment rien à voir…s’exclame-t-elle en se tapant sur le crâne comme si j’avais pondu la plus grosse ânerie du siècle.
« C’est pas le RIEN ni le VOIR qui m’interesse…
C’est le CONNAITRE. D‘ENTENDRE…
Vous pourriez commencer à vous découvrir…vous comprendre…non ?! »
-« Attends, commence pas à monter sur tes ergots. Les échanges ils existent…mais l’Affaire est ben compliquée…
Tout le monde veut racommoder tout le monde pis ça finit par faire un maudit «raboudinage…Faut le temps faut le temps…
EUZÔTES c’est…EUZOTES
NOUZÔTES… C’EST NOUZÔTES……OK…là !
Et la visite se poursuivit …sans oublier de visiter l’Église et sa Sainte indienne «Katéri». C’était un village ordinaire..
« Alors Louise, comment les trouves-tu « ces Sauvages »…?
«C’est ce que je disais…« y’a rien là » ! …
Cou-don, j’va te parler comme faut dans la face…tant que je ne prendrai
Pas de flèche dans la guerloute – le derrière si tu veux- …j’ai rien contre…
Chacun son boute à ne pas dépasser, c’est tout’e »..
Bon, on se déménage-tu les bottines ? j’ai encore à faire,
On va pas rester ici à pelleter de la boucane !….»